Dernière mise à jour le : 10 mai 2009

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L’exemple prophétique de saint François a sauvé les Lieux Saints

Entretien avec le Vicaire de la Custodie franciscaine de la Terre Sainte

ROME, Mercredi 23 mars 2005 (ZENIT.org) – Le Père Artemio Vitores Gonzalez, espagnol et en Terre Sainte depuis 34 ans, est le Vicaire de la Custodie franciscaine de Terre Sainte, sous la responsabilité de laquelle se trouvent actuellement 26 Lieux Saints. Dans cette interview recueillie pour ZENIT par M. Gian Luca Solera, Conseiller au Parlement européen et actuellement en Terre Sainte, le Père Vitores fait le récit des développements de la Custodie et de sa mission.

Au cours des siècles, la Custodie, qui fait partie de l’ordre des Frères mineurs et regroupe actuellement 200 franciscains de 35 nations, est devenue propriétaire de divers Lieux Saints qui représentent les étapes fondamentales de la vie du Christ et de la Sainte Famille : de la Grotte de l’Annonciation de l’Archange Gabriel à Marie à Nazareth, à la Grotte de saint Joseph, jusqu’à l’Eleona sur le Mont des Oliviers, d’où le Christ est monté au ciel.

Tout commença avec la rencontre, en 1219 à Alexandrie d’Egypte, entre saint François d’Assise et le Sultan égyptien Melek Al Kamil, de qui il obtint, malgré les croisades en cours, que les franciscains aient un accès et bénéficient d’une protection en Terre Sainte.

Quel héritage saint François a-t-il laissé en Terre Sainte ?

P. Vitores : La destruction du Saint-Sépulcre par le Calife Hakim en 970 après J.C., réveilla les âmes en Occident et ouvrit les portes aux temps des croisades, c’est-à-dire à la guerre et au sang. Saint François choisit la méthode du dialogue pour conquérir les Lieux Saints. Sa première règle « Non volata » (1221), dit : « Les frères qui se rendent en Terre Sainte ne doivent ni entrer en conflit, ni faire l’objet de disputes ; qu’ils soient au service de tous, et manifestent à travers leur vie qu’ils sont chrétiens ». Si ensuite l’Esprit les illumine, ils prêcheront. Ce comportement leur conféra la libre circulation sur les territoires des mamelouks.

Saint François fut donc le premier à utiliser l’arme du dialogue ?

P. Vitores : Le premier à utiliser l’arme du dialogue et de l’amour au temps des croisades. Les franciscains voulaient être au service de tous, chrétiens et musulmans, et ils démontrèrent un esprit universaliste moderne ante litteram. La protection des Lieux Saints fut la raison fondamentale de la présence franciscaine en Terre Sainte ; une protection qu’ils exerçaient au milieu d’énormes difficultés et conflits. Autour des Lieux Saints, les franciscains donnèrent naissance à un service social d’assistance et de formation.

Dans le salon de réception de notre Couvent se trouvent cinq cadres qui expliquent la mission des Franciscains en Terre Sainte. On y trouve deux portraits, de Roberto d’Angio et de Sancia de Majorque, souverains de Naples, qui achetèrent le Cénacle au Sultan d’Egypte en 1333 et le confièrent aux Franciscains, qui y établirent leur premier monastère. En 1342, le pape Clément IV institutionnalisa la mission de la Custodie des Franciscains en Terre Sainte.

Cela fut une reconnaissance due…

P. Vitores : Quand le pape Jean-Paul II se rendit à Nazareth en 2000, il affirma que la Providence de Dieu avait voulu que la garde des Lieux Saints soit confiée à François, le saint de la paix, du dialogue et de l’amour.

En quoi consiste la mission sociale des franciscains ?

P. Vitores : Les franciscains ont cherché à offrir une instruction, du travail et un logement. Autour des églises érigées à côté des Lieux Saints, ils ouvrirent des écoles, des laboratoires d’artisanat et construisirent des logements. Dans cette mission qui se poursuit aujourd’hui encore, les franciscains ont été à l’avant-garde dans une région à majorité musulmane.

En 1520 ils ouvrirent la première école, alors que les turcs, qui dominèrent pendant 4 siècles en Terre Sainte jusqu’à la Première Guerre mondiale, ouvrirent la première école seulement en 1892. En 1808, les franciscains décidèrent que les enfants non catholiques, c’est-à-dire orthodoxes, n’étaient pas tenus de devenir catholiques pour étudier dans leurs écoles. En 1841, ils instituèrent la première école féminine en Terre Sainte, alors que la première école féminine juive fut établie en 1864 et la première école féminine musulmane en 1892. De 1925 à 1948, notre institut Terra Sancta College abrita des chrétiens, des musulmans et des juifs, anticipant l’œcuménisme moderne. En 1957, les franciscains introduisirent dans leur école l’étude du Coran… c’est-à-dire avant le Concile Vatican II.

Les franciscains jouèrent un rôle important également dans la promotion des langues. Dans nos écoles paroissiales l’on a enseigné en italien et en français, formant des traducteurs et des guides, alors que notre imprimerie a publié en arabe, contribuant à le sauver de la décadence en Palestine. Les franciscains ont ouverts des laboratoires pour l’élaboration des perles de cultures et de l’huile d’olive et ont promu d’autres arts ou métiers. En outre, ils ont construit des logements pour les chrétiens les plus nécessiteux.

En quoi consiste la protection des Lieux Saints ?

P. Vitores : En cinq aspects : la conservation et la restauration, l’étude archéologique et biblique de la véridicité des Lieux, la re-construction, la valorisation de la spiritualité des lieux et leur rentabilité.

Le Status Quo règle la vie au Saint-Sépulcre et à la Nativité. N’existe-il pas une autre institution interreligieuse qui réglemente les questions religieuses ainsi que celles liées à la gestion des autres lieux saints ? Le Ministre des Affaires étrangères anglais Lord Balfour proposa en 1922 la création d’une commission mixte entre chrétiens, musulmans et juifs pour les affaires religieuses en Palestine, à ce moment-là sous mandat britannique, mais n’obtint pas les suffrages suffisants pour la mettre sur pied…

P. Vitores : Le point que vous évoquez est un point douloureux et les religions n’ont pas fait les efforts nécessaires pour dépasser les divisions qui existent entre eux aujourd’hui encore. Des rencontres sont organisées, mais jamais une commission interreligieuse permanente n’a été instituée pour régler les affaires religieuses, alors qu’il y en aurait véritablement besoin, en particulier à Jérusalem.

L’Eglise catholique, de par son caractère universel, et malgré le fait que les catholiques ne représentent que 2% de la population à Jérusalem, pourrait être un pont pour rapprocher les diverses confessions, chrétiennes et non chrétiennes.

Vous avez vécu en Terre Sainte pendant plus de 30 ans. De quelle manière a évolué le rôle des religions en Terre Sainte ?

P. Vitores : Malheureusement, je dois dire que nous avons assisté à une radicalisation du rôle des religions, qui ont toujours plus la prétention d’assumer un rôle politique dans la société. L’émergence des partis politiques orthodoxes (radicaux extrêmes), notamment entre les juifs et les musulmans, le démontre.

La création d’Israël, en tant qu’Etat avec une identité religieuse forte (je ne mets pas en discussion la création de l’Etat d’Israël, afin d’éviter les malentendus) a joué également un rôle dans ce sens. Le résultat est que les formations politiques orthodoxes ont gagné du terrain, et avec ces formations le dialogue n’est pas facile, ni du côté israélien (les religieux nationaux par exemple), ni du côté palestinien (le Hamas).

Que se passera-t-il ? La situation de Jérusalem me préoccupe. Les groupes juifs orthodoxes recueillent 40% des votes et sont en augmentation. Là où ils contrôlent les administrations locales, ils appliquent leurs règles de vie aux affaires publiques (horaires, circulation - déplacements) discriminant ainsi ceux qui ne les suivent pas. J’espère qu’à l’avenir ils ne limiteront pas l’accès à la Vieille Ville aux non juifs.

Quelles sont vos ressources financières ?

P. Vitores : La quête du Vendredi Saint, appelée également des « Lieux saints », promue par le Saint-Siège dans toutes les églises du monde et le soutien des fidèles à travers les « Commissariats de la Terre Sainte », qui dépendent directement de la Custodie et sont répandus dans le monde entier. Les aides gouvernementales ne sont plus autorisées, ainsi dans certains cas les projets de notre mission sont soutenus de manière indirecte.

Le gouvernement espagnol, par exemple, finance certaines mesures pour les chrétiens palestiniens en tant que politique « d’aide aux minorités ». Avec l’Intifada, par exemple, nous avons pris en charge le soutien des familles chrétiennes les plus pauvres en distribuant des allocations aux familles à hauteur de 80 euros par mois. Nos paroisses, de nombreux franciscains sont également curés, ont remplacé Israël et l’Autorité palestinienne dans leurs responsabilités d’assistance sociale.

ZENIT
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