St Pierre-Julien Eymard est né à La Mure, près de Grenoble, en 1811. Ordonné prêtre en 1834, il entame un ministère intense, puis entre en 1839 dans la congrégation naissante des Pères Maristes, à Lyon.
Mais sa recherche de la volonté de Dieu le porte à s'orienter davantage vers l'Eucharistie pour laquelle il voudrait bien faire quelque chose de particulier. Un jour, alors qu’il prie au sanctuaire de Fourvière, en janvier 1851, il devient « fortement impressionné » par la pensée de l'état d'abandon spirituel dans lequel se trouvaient les prêtres séculiers, du manque de formation des laïcs, de la pitoyable dévotion envers le Saint-Sacrement et des sacrilèges commis contre la sainte Eucharistie. De là lui vint l’idée d'un Tiers-Ordre masculin dévoué à l'adoration réparatrice ; projet qui, dans les années suivantes, deviendra celui de créer une congrégation religieuse entièrement consacrée au culte et à l'apostolat de l'Eucharistie.
A Paris, le 13 mai 1856, il fonde la Congrégation du Saint-Sacrement. L'Oeuvre commence très pauvrement, et est inaugurée officiellement par une Exposition solennelle du Saint-Sacrement. Un an plus tard est fondée également une branche féminine, les Servantes du St-Sacrement. En 1859, il ouvre une seconde communauté, à Marseille. Une troisième maison ouvrira à Angers, ensuite deux autres à Bruxelles, et une maison de formation dans le diocèse de Versailles.
Épuisé par les responsabilités de fondateur et premier supérieur général, marqué par les épreuves de tous genres, Pierre-Julien Eymard meurt dans son pays natal, âgé seulement de 57 ans, le premier août 1868. Béatifié par Pie XI, en 1925, il est canonisé par Jean XXIII, le 9 décembre 1962. Exactement 33 ans plus tard, le 9 décembre 1995, il est inscrit au calendrier romain et présenté à toute l'Église comme l'apôtre de l'Eucharistie.
SA VISION DE L'EUCHARISTIE
« Le Saint-Sacrement m'a toujours dominé », écrit-il dans les notes de sa dernière retraite personnelle, caractérisant ainsi la forme de vie chrétienne qu'il propose. Au centre, il y a la présence du Christ dans l'Eucharistie. Il souligne fortement le fait de cette présence et son caractère unique : l'Eucharistie est la personne du Seigneur. D'où les affirmations suivantes par lesquelles il exprime sa foi : « La sainte Eucharistie est Jésus passé, présent et futur... C'est Jésus devenu sacrement. Bienheureuse l'âme qui sait trouver Jésus dans l'Eucharistie, et en Jésus-Hostie tout le reste ».
L'adoration - qu'il propose comme style de prière à ses religieux et, de façon plus large, à tous les laïcs - est un moyen de se laisser pénétrer par l'amour du Christ. Et cette prière s'inspire de la Messe. C'est pour cela qu'il invite à prier selon la méthode des quatre fins du Sacrifice (adoration, action de grâces, demande, repentir), dans le but de faire revivre, dans le culte suréminent de l'Eucharistie, tous les mystères de la vie de Notre Seigneur, dans l'attention et la docilité à l'Esprit Saint, pour progresser aux pieds du Seigneur dans le recueillement et la vertu du saint amour. Loin de se suffire à elle-même, l'adoration doit tendre à la communion sacramentelle.
L'ALIMENT DE LA VIE DE TOUS LES JOURS
Eymard a été un infatigable promoteur de la communion fréquente. Voici ce qu'il écrit dans une lettre : « Que celui qui veut persévérer reçoive Notre Seigneur. C'est un pain qui alimentera ses pauvres forces, qui le soutiendra. C'est l'Église qui le veut ainsi. Elle encourage la communion quotidienne, comme en fait foi le Concile de Trente. Il y en a qui disent qu'il faut être très prudent... Moi, je réponds que cet aliment pris à des intervalles si prolongé n'est qu'un aliment extraordinaire ; où est donc l'aliment ordinaire qui doit me soutenir tous les jours ? »
La communion, en fait, doit devenir l'axe de la vie chrétienne : « La sainte communion, surtout, doit devenir la fin de toute vie chrétienne : tout exercice qui ne se rapporte pas à la communion est en dehors de sa fin la meilleure ». Communier fructueusement à l'Eucharistie est un geste qui change la vie : « Notre Seigneur vient sacramentellement en nous pour y vivre spirituellement », écrit-il dans ses notes durant une retraite. Quelques mois avant de mourir, il ajoutera : « Celui qui ne communie pas n'a qu'une science spéculative ; il ne connaît rien d'autres que des mots, des théories, dont il ignore le sens... L'âme qui communie n'avait auparavant qu'une idée de Dieu, mais maintenant, elle le voit, elle le reconnaît à la sainte table ».
LA SOURCE D'UN MONDE NOUVEAU
L'idéal qu'il confie à ses fils spirituels est « de mettre le feu de l'amour eucharistique aux quatre coins de la terre ». Et dans les Constitutions, il recommandait à ses religieux que « le Seigneur Jésus soit toujours adoré dans son sacrement et glorifié socialement dans le monde entier ». C'est là le sens de l'expression « règne de l'Eucharistie » qui revient si souvent sous la plume du P. Eymard. Ainsi écrit-il : « Le grand mal de notre époque c'est qu'on ne va pas à Jésus Christ comme à son Sauveur et à son Dieu. On abandonne le seul fondement, la seule loi, la seule grâce de salut... Que faire alors ? Revenir à la source de la vie, et non pas au Jésus historique ou au Jésus glorifié dans le ciel, mais bien plutôt au Jésus dans l'Eucharistie. Il faut le faire sortir de l'ombre pour qu'Il puisse de nouveau se mettre à la tête de la société chrétienne... Que vienne de plus en plus le règne de l'Eucharistie, Adveniat regnum tuum ! ».