Conférence donnée par le cardinal Joseph Ratzinger en 1996
ROME, Jeudi 19 mai 2005 (ZENIT.org) – « Nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l’évolution. Chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire». Ce passage de l’homélie du pape Benoît XVI du dimanche 24 avril 2005 nous renvoie à une conférence de 1996 sur le thème « A l’image et à la ressemblance de Dieu : toujours ? Maladies mentales », donnée par le cardinal Ratzinger lors d’une conférence internationale organisée par le Conseil pontifical pour la pastorale des Services de la Santé : La grandeur de l’être humain c’est sa ressemblance avec Dieu .
Nous publions ci-dessous le texte de la conférence du cardinal Ratzinger.
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Devant le thème de cette Conférence internationale affleurent à mon esprit des souvenirs particulièrement inquiétants. Permettez moi, je vous prie, en guise d’introduction, de vous faire le récit de mon expérience personnelle, qui nous reporte à l’année 1941, c’est-à-dire, au temps de la guerre et du régime national-socialiste. Une de mes tantes, à qui nous rendions visite fréquemment, était la maman d’un enfant robuste, plus jeune que moi de quelques années, chez qui se manifestaient, progressivement, les symptômes typiques du syndrome de Down. Dans la simplicité de son intelligence “embuée” il suscitait une grande sympathie, et sa mère qui avait perdu une petite fille, prématurément, lui était très affectionnée. En 1941, les autorités du Troisième Reich, exigèrent l’hospitalisation de cet enfant en vue de le soigner plus adéquatement. Aucun soupçon ne pesait alors, sur l’opération d’élimination des déficients mentaux, pourtant, déjà commencée. Peu de temps après, arriva la nouvelle que l’enfant était décédé d’une pneumonie et que son corps avait été incinéré. Dès lors, les nouvelles de ce genre se multiplièrent. Au village, où nous habitions auparavant, nous rendions volontiers visite à une veuve, qui n’avait pas eu d’enfants, et qui était heureuse de rencontrer ceux des alentours. La petite propriété, héritée de son père, lui donnait tout juste de quoi vivre, mais elle s’en contentait, tout en éprouvant quelque crainte pour l’avenir. Plus tard, nous apprîmes que la solitude grandissante où elle se trouvait, avait progressivement obscurci son esprit: la peur de l’avenir était devenue pathologique, à tel point qu’elle n’osait presque plus manger, redoutant sans cesse le lendemain et le risque de demeurer sans nourriture à se mettre sous la dent. Elle fut alors classée comme malade mentale, hospitalisée, et pour elle, également, nous arriva bientôt la nouvelle de son décès dû à une pneumonie. Peu après, la même chose se produisit de nouveau dans notre propre village: la petite propriété contiguë à notre maison était, jusque là, confiée aux soins de trois frères célibataires, auxquels elle appartenait. On les considérait comme des infirmes mentaux, mais néanmoins, ils étaient en mesure de s’occuper de leur maison et de leur propriété. Eux aussi, disparurent, et rejoignirent un lieu d’hospitalisation; peu aprés, on apprit qu’ils étaient morts. À ce point là, ne subsistait plus aucun doute sur ce qui était en train de se passer. Il s’agissait de l’élimination systématique de tous ceux qui étaient considérés comme improductifs. L’État, s’était arrogé le droit de décider du sort de qui avait le droit de vivre et de qui devait être privé de l’existence au profit de la communauté et du sien propre, étant donné qu’il n’était plus utile ni aux autres ni à lui-même.
Aux horreurs de la guerre, chaque jour plus dramatiques, s’ajoutait ce fait, qui nous plongeait dans un nouvel effroi: nous éprouvions la froideur glaciale de cette logique de l’utilité et du pouvoir. Le meurtre de ces personnes nous atteignait comme une humiliation et une menace envers nous mêmes, envers l’essence humaine qui est nôtre: si la patience et l’amour voués aux personnes souffrantes, doivent être retranchés de l’existence humaine comme une perte de temps et d’argent, alors, le mal commis ne s’adresse pas aux seules personnes assassinées, les survivants eux-mêmes sont mutilés dans leur esprit propre. Nous nous rendions compte que là où n’est plus respecté le mystère de Dieu, sa dignité intouchable en chaque homme, non seulement les individus sont menacés, mais l’être humain, lui-même, est en danger. Au sein de ce silence paralysant, de cette peur qui nous neutralisait tous, se fit jour une libération, le jour même, où le Cardinal von Galen éleva la voix et rompit cette paralysie de la peur en prenant la défense des malades mentaux, de l’homme lui-même, image de Dieu.
À toutes les menaces contre l’homme, issues du calcul du pouvoir et de l’utilité, s’oppose la lumineuse parole de Dieu, par laquelle la Genèse introduit le récit: de la création de l’homme: créons l’homme à notre image, comme notre ressemblance – faciamus hominm ad imaginem et similitudinem nostram, traduit la Vulgate (Gen 1, 26). Mais que faut-il entendre par cette parole? En quoi consiste la ressemblance divine de l’homme? Ce terme, au sein de l’Ancien Testament est pourrait-on dire, un monolithe; il n’apparaît plus dans l’Ancien Testament hébraïque, même si le Psaume 8 révèle une parenté intérieure avec lui – “Qu’est donc le mortel, que tu t’en souviennes?”. Il n’est repris que dans la littérature sapientielle. L’Ecclésiaste (17,2) y fonde la grandeur de l’être humain, sans, à proprement parler, vouloir donner une interprétation de la signification de la ressemblance avec Dieu. Le livre de la Sagesse (2,23) fait un pas de plus, et voit “l’être image de Dieu” essentiellement fondé dans l’immortalité de l’homme: ce qui fait Dieu, Dieu, et le distingue de la créature, c’est précisément son immortalité et sa pérennité. Image de Dieu, la créature est, par le fait même qu’elle participe à l’immortalité – non par sa nature, mais par un don du créateur. L’orientation vers la vie éternelle est ce qui rend l’homme, le “correspondant créé” de Dieu. Ici la réflexion pourrait se poursuivre et l’on pourrait dire aussi: la vie éternelle signifie quelque chose de plus qu’une simple subsistance éternelle. Elle est remplie de sens, et ce n’est qu’ainsi qu’elle est, vie qui mérite et vie capable d’éternité. Une réalité ne peut être éternelle qu’à condition de participer à ce qui est éternel: à l’éternité de la vérité et de l’amour. L’orientation vers l’éternité serait donc une orientation vers la communion éternelle d’amour avec Dieu et l’image de Dieu renverrait donc par sa nature même, au-delà de la vie éternelle. Elle ne pourrait en effet être déterminée statiquement, être en lien avec une qualité particulière quelconque, mais elle serait cet être tendu par-delà le temps de la vie terrestre; cette tension vers le futur ne pourrait être comprise que dans sa dynamique vers l’éternité. Qui nie l’éternité, qui ne voit l’homme “qu’intérieur au monde”, n’a donc, au départ, aucune possibilité de pénétrer l’essence de la ressemblance avec Dieu.
Ceci n’est qu’évoqué dans le livre de la Sagesse, mais n’a pas été développé dans la suite. Ainsi l’Ancien Testament nous laisse sur une question ouverte, il faut donc donner raison à Épiphane, lequel, face à toutes les tentatives de préciser le contenu de la ressemblance divine, affirme que l’on ne doit pas “chercher à définir où se situe l’image, mais en confesser l’existence dans l’homme, si l’on ne veut pas faire injure à la grâce de Dieu” (Panarion, LXX, 2,7). Nous, les chrétiens, en réalité, nous lisons l’Ancien Testament toujours dans la totalité de l’unique Bible, en unité avec le Nouveau Testament, dont nous recevons la clé pour comprendre les textes en toute rectitude. De même que le récit de la création “Au commencement Dieu créa” reçoit son interprétation correcte seulement dans la relecture johannique “Au commencement était le Verbe”, de même, ici aussi.
Ici, dans le cadre de ce discours inaugural, évidemment, je ne puis présenter le riche témoignage pluristratifié du Nouveau Testament quant à notre problème. J’essaierai simplement d’évoquer deux thèmes. Il faut, avant tout, et comme fait très important que, dans le Nouveau Testament, le Christ soit désigné comme “L’image de Dieu” (2 Cor, 4,4; Col 1,15). Les Pères ont inséré, ici, une observation linguistique qui n’est peut-être pas très soutenable, mais qui correspond certainement à l’orientation intérieure du Nouveau Testament et de sa réinterprétation de l’Ancien. Voici ce qu’ils disent: du Christ seul, nous est enseigné qu’il est “l’image de Dieu”, l’homme, au contraire, n’est pas l’image de Dieu, mais à l’image, créé à l’image, selon l’image. Il devient image de Dieu, dans la mesure où il entre en communion avec le Christ et se conforme à lui. En d’autres termes: l’image originaire de l’homme, qui, à son tour, représente l’image de Dieu, c’est le Christ, et l’homme est créé à partir de son image, sur son image. La créature humaine est en même temps, projet préliminaire en vue du Christ, ou bien, le Christ est l’idée fondamentale du Créateur, et il forme l’homme en vue du Christ, à partir de cette idée fondamentale.
Le dynamisme ontologique et spirituel qui se dissimule en cette conception, devient particulièrement évident en Rom. 8, 29 et 1Cor. 15, 49, mais aussi en 2 Cor, 4,6. Selon Rom 8, 29, les hommes sont prédestinés “à reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères”. Cette conformation à l’image du Christ s’accomplit dans la résurrection, en laquelle il nous a précédés – mais la résurrection, il est nécessaire de le rappeler, déjà ici, présuppose la croix. La première Lettre aux Corinthiens distingue le premier Adam, qui a été fait “âme vivante” (15, 45; cf. Gn 2, 7) et le second Adam qui fut fait “Esprit” donneur de vie: “Et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste” (15, 49). Ici est présentée en toute clarté, la tension intérieure de l’être humain entre la glaise et l’esprit, entre la terre et le ciel, entre l’origine terrestre et le futur divin. Cette tension de l’être humain dans le temps et au-delà du temps appartient à l’essence de l’homme. Et cette tension le situe exactement au centre de la vie, en ce moment. Il est toujours en route vers lui-même, ou bien en train de s’en éloigner; il s’achemine vers le Christ ou il s’en éloigne. Il se rapproche de son image originelle, ou il l’esquive et la détruit. Le théologien d’Innsbruck, F. Lakner, a exprimé, avec bonheur cette conception dynamique de la ressemblance divine chez l’homme, caractéristique du Nouveau Testament, de la manière suivante: “être l’image de Dieu pour l’homme se fonde sur la prédestination à la filiation divine à travers l’incorporation mystique en Christ”; être l’image est donc une fin inhérente à l’homme, dès la création, “vers Dieu, au moyen de la participation à la vie divine en Christ”.
Et, maintenant, nous en arrivons à la question décisive de notre thème: cette ressemblance divine peut-elle être détruite? et éventuellement, comment? Existe-t-il des êtres humains qui ne sont pas image de Dieu? La Réforme, dans sa radicalisation de la doctrine du péché originel a répondu affirmativement à cette demande et a dit ceci: Oui, par le péché l’homme peut détruire en lui-même l’image de Dieu et, en effet, il l’a détruite. En effet, l’homme pécheur, qui ne veut pas reconnaître Dieu et qui ne respecte pas l’homme, au point de le tuer – ne représente pas l’image de Dieu, mais la défigure, Le contredit Lui qui est Sainteté, Vérité et Bonté. Le rappel de ce qui a été dit au début peut, et même, doit nous inviter à nous poser cette demande: chez qui, l’image de Dieu est-elle la plus obscurcie, la plus défigurée, ou la plus éteinte – chez l’assassin à froid, bien conscient de lui-même, puissant et intelligent, c’est possible, qui se fait Dieu et se moque de Dieu, ou chez l’innocent souffrant, où la lumière de Dieu luit faiblement ou bien n’est même plus perceptible? Mais, la demande est ici prématurée. Nous devons dire d’abord que la thèse radicale de la Réforme est apparue insoutenable, précisément, à partir de la Bible. L’homme est image de Dieu, en tant qu’homme. Et tant qu’homme, il est un être humain, il est mystérieusement tendu vers le Christ, vers le Fils de Dieu fait homme et donc tourné vers le mystère de Dieu. L’image divine est connexe à l’essence humaine en tant que telle, et il n’est pas au pouvoir de l’homme de la détruire.
Mais ce que l’homme peut certainement faire, c’est défigurer cette image, être en contradiction intérieure avec elle. Ici il faut citer Lakner, de nouveau: “...la force divine brille dans la lacération causée par les contradictions... en ce monde, l’homme, comme image de Dieu, est donc l’homme crucifié”. Entre la figure de l’Adam terrestre, tiré de la glaise, que le Christ a assumé en commun avec nous dans l’incarnation, et la gloire de la résurrection, il y a la croix: le chemin des contradictions et des traits défigurés de l’image vers la conformation au Christ, dans lequel se manifeste la gloire de Dieu, passe à travers la souffrance de la croix. Parmi les Pères de l’Église, Maxime le Confesseur, est celui qui a le plus réfléchi sur la connexion entre la ressemblance divine et la croix. L’homme qui est appelé à la “synergie”, à la collaboration avec Dieu, s’est mis, au contraire, en opposition avec lui. Cette opposition est “une agression envers la nature de l’homme”. Elle “défigure le vrai visage de l’homme, l’image de Dieu, puisqu’elle sépare l’homme de Dieu, le tourne vers lui-même, et érige la tyrannie de l’égoïsme entre les hommes”. Le Christ a dépassé cette opposition au cœur même de sa nature humaine, il l’a transformée en communion: l’obéissance de Jésus, sa mort à lui-même est le véritable exode qui libère l’homme de sa déchéance intérieure en le conduisant vers l’unité de l’amour en Dieu. Le crucifix est ainsi la vivante “icône de l’amour”; précisément, en la personne du crucifié, en ce visage écorché et frappé, l’homme redevient transparence de Dieu, l’image de Dieu recommence à briller. C’est ainsi que la lumière de Dieu repose sur les personnes souffrantes, dans lesquelles la splendeur de la création s’est extérieurement obscurcie; elles sont d’une manière très particulière semblables au Christ crucifié, à l’icône de l’amour, elles présentent certains points communs, avec celui qui, seul, est “l’image même de Dieu”. Nous pouvons leur attribuer la parole que Tertullien a formulée en la référant au Christ: “Aussi misérable que puisse être son corps..., ce sera toujours mon Christ..” (Adv. Marc. III, 17, 2). Aussi grande que soit leur souffrance, aussi défigurés et ternis soient-ils en leur existence humaine – ils seront toujours les fils privilégiés de Notre Seigneur, ils en seront toujours l’image, d’une manière particulière. En se fondant sur la tension entre mise dans l’ombre et future manifestation de l’image de Dieu, on peut appliquer la parole de la première Lettre de Jean “dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté” (3,2). Nous aimons en tous les humains, mais surtout chez les êtres souffrants, chez les handicapés mentaux, ce qu’ils seront et ce qu’ils sont déjà en réalité, dès maintenant. Dès maintenant, ils sont fils de Dieu – à l’image du Christ, même si ce qu’ils deviendront n’a pas encore été manifesté.
Le Christ en croix s’est définitivement assimilé aux plus pauvres, aux sans défense, aux plus souffrants, aux plus abandonnés, aux plus méprisés. Et parmi eux, ceux dont s’occupe notre colloque d’aujourd’hui, ceux dont l’âme raisonnable n’arrive pas à s’exprimer parfaitement au moyen d’un cerveau infirme ou malade comme si, pour une raison quelconque, la matière s’opposait à être assumée par l’esprit. Ici, Jésus révèle l’essentiel de l’humanité, ce qui en est le véritable accomplissement, non l’intelligence, ni la beauté, encore moins, la richesse ou le plaisir, mais la capacité d’aimer et de consentir amoureusement à la volonté du Père, aussi déconcertant cela soit-il.
Mais la passion de Jésus débouche sur la résurrection. Le Christ ressuscité est le point culminant de l’histoire, l’Adam glorieux vers lequel tendait déjà l’Adam “terrestre”. Ainsi se manifeste la fin du projet divin: tout homme est en chemin, du premier au second Adam. Aucun de nous n’est encore pleinement soi-même. Chacun doit le devenir, comme le grain de froment qui doit mourir pour porter du fruit, comme le Christ ressuscité est infiniment fécond parce qu’il s’est donné de manière infinie.
Une de nos grandes joies au paradis sera, sans aucun doute, la découverte des merveilles que l’amour aura opérées en nous, et que l’amour aura opérées en chacun de nos frères et sœurs, les plus malades, les plus défavorisés, les plus touchés, les plus souffrants, alors que nous ne comprenions même pas comment de leur part, l’amour était possible, alors que leur amour demeurait caché dans le mystère de Dieu.
Oui, l’une de nos joies sera de découvrir nos frères et sœurs dans toute la splendeur de leur humanité, dans toute leur splendeur d’image de Dieu.
L’Église croit, dès aujourd’hui, à cette splendeur à venir. Elle se veut attentive à en souligner même le moindre signe qui déjà la laisse entrevoir. Car, dans l’au-delà, chacun de nous brillera d’autant plus qu’il aura imité le Christ, dans le contexte et selon les possibilités qui lui auront été octroyées.
Qu’il me soit permis ici de témoigner de l’amour de l’Église envers les personnes atteintes de souffrances mentales. Oui, l’Église vous aime. Elle n’éprouve à votre égard que la seule “prédilection” naturelle d’une mère pour ses fils les plus souffrants. Elle n’est pas simplement dans l’admiration de ce que vous serez un jour, mais de ce que vous êtes déjà.
Images du Christ que nous devons honorer, respecter, aider dans la mesure du possible, très certainement, mai surtout, images du Christ porteuses d’un message essentiel sur la vérité de l’homme. Un message que nous avons trop tendance à oublier: notre valeur devant Dieu ne dépend ni de l’intelligence, ni de la stabilité de notre caractère, ni de la santé qui nous permettent d’exercer de multiples activités généreuses. Ces caractéristiques peuvent disparaître d’un moment à l’autre. Notre valeur devant Dieu ne dépend que du choix que nous faisons d’aimer le plus possible, d’aimer le plus possible en vérité.
Dire que Dieu nous a créés à son image, c’est dire, qu’il a voulu que chacun de nous manifeste un aspect de sa splendeur infinie, qu’il a un projet sur chacun de nous, que chacun de nous est destiné à entrer dans l’éternité bienheureuse par un itinéraire qui lui est propre.
La dignité de l’homme n’est pas quelque chose qui s’impose à nos yeux, elle n’est ni mesurable, ni quantifiable, elle échappe aux paramètres de la raison scientifique ou technique; mais notre civilisation, notre humanisme, ne font des progrès que dans la mesure où cette dignité est le plus universellement et le plus pleinement reconnue par davantage de personnes. Tout retour en arrière en ce mouvement d’expansion, toute idéologie ou action politique qui exclurait certains êtres humains de la catégorie de ceux à qui est dû le respect, marquerait un retour vers la barbarie. Et nous savons, malheureusement, que la menace de la barbarie est suspendue toujours sur nos frères et sœurs qui souffrent d’une limitation ou d’une maladie mentale. Un de nos devoirs de chrétiens est de faire reconnaître, respecter et promouvoir pleinement leur humanité, leur dignité et leur vocation de créatures à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Je voudrais profiter de l’occasion qui m’est offerte pour remercier toutes les personnes, et elles sont nombreuses ici, qui, par la réflexion ou la recherche, l’étude ou les diverses thérapeutiques, s’engagent à rendre cette image toujours plus reconnaissable.