Proclamée à Nice le 18 décembre 2000 par les chefs d'État des pays membres, la charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne a été insérée telle quelle dans la partie II du projet de constitution. Outre un préambule, elle comprend 54 articles dont plusieurs ont trait au respect de la vie. Brefs, parfois de belle apparence, ceux-ci sont surtout remarquables par ce qu'ils ne disent pas ou disent à tort.
Ce que la Charte ne dit pas
Elle parle de la dignité humaine inviolable (art 11-61), du droit à la vie (11-62) : « l. toute personne a droit à la vie, et 2. nul ne peut être condamné à la peine de mort ni exécuté ». Mais elle ne dit pas un mot sur l'enfant dans le sein de sa mère, ni sur ce qui peut le concerner: contraception, stérilisation, avortement, diagnostic prénatal, procréation médicalement assistée...
Il est l'un des grands absents de la Charte. Dépouillé de toute considération et de protection - alors qu'il est le plus faible qui soit - elle en fait une non-personne. Innommé, sans existence juridique, on peut l'écarter ou en disposer.
C'est ainsi que l'interdiction des pratiques eugéniques (1 1-63-2b) ne peut le concerner alors qu'on élimine en France plus de 95 % des trisomiques 21, qu'une malformation congénitale grave in utero justiciable de l'avortement est la hantise de l'obstétricien, et que l'on pratique le tri embryonnaire.
On interdit le clonage reproductif (11-63-2d) mais non le clonage thérapeutique qui revient au même. Ici un aveu : l'article parle du « clonage reproductif des êtres humains ». À ce stade aussi précoce y aurait-il donc un être humain?
Paradoxe inouï : on le tue, jamais on n'a autant tué. La peine de mort abolie pour les coupables ne l'est pas pour lui qui est innocent. Pour lui, ni sûreté (11-66), ni égalité (11-80), ni non discrimination même celle de l'âge (11-8 1), ni protection familiale (11-93), ni protection de la santé (11-95), ni justice avec présomption d'innocence (11-10). En effaçant jusqu'à son nom, la Charte évite: de remettre en cause les libertés sexuelle et scientifique, d'entrer en contradiction et conflit avec les lois qui, dans la plupart des pays de l'Union, protègent ces libertés, d'encourir le risque de poursuites et même d'opprobre.
En 1948, le droit à la vie était inscrit dans la déclaration universelle des droits de l'homme, et en 1950, dans la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales. En 50 ans le glissement est tel que le droit à la vie cache son contraire.
Comment croire la Charte lorsqu'elle parle du droit de se marier et de fonder une famille (11-69), du droit des personnes âgées (11-85), alors qu'elle ne dit mot - comme pour l'avortement - ni du PACS, ni de l'euthanasie pourtant omniprésents. Pour elle, silence vaut liberté.
Ce que la Charte dit à tort
Ce qu'elle affirme dans l'article (11-73) : « la recherche scientifique (est) libre » est inacceptable. La loi du 6 août 2004 permet en France de toucher au génome humain, c'est-à-dire non plus à l'existence mais à l'essence de l'être humain. Elle se fait Dieu et touche à ce qu'il y a de plus sacré. Rien n'est plus grave. La liberté absolue est une folie.
Folie aussi celle de l'article 11-81 qui interdit toute discrimination à l'encontre de l'orientation sexuelle. C'est admettre la perversion. Or la règle doit être celle-ci: respecter les homosexuels et non l'homosexualité.
La Charte des droits fondamentaux a quelque chose d'irréel et d'oppressant. Faite pour ordonner la société, elle se refuse à voir l'enfant non encore né qui en est la source, et Dieu qui en est l'origine et la fin. Dieu est ignoré, même comme Être suprême. Les Grecs reconnaissaient les lois non écrites de la Cité.
La Charte est idéologique, son inspiration est maçonnique, son fondement est l'individualisme, celui-là même du mondialisme. Athée, laïciste, ultra-libérale, hypocrite, elle est mensongère par omission, homicide par destination. À la lettre elle est luciférienne. Son Europe est haïssable et suicidaire. Celle que nous aimons est chrétienne et fraternelle, éprise de vérité, elle admet Dieu et les tout petits.