AP | 07.11.05 | 05:45
PARIS (AP) -- Une trentaine de policiers ont été blessés, dont deux gravement, dimanche soir dans l'Essonne, lors d'échauffourées avec des groupes de 250 à 300 jeunes à Grigny. Pour la onzième nuit consécutive, les violences ont repris en Ile-de-France et dans pratiquement tous les départements de l'hexagone, faisant trois blessés dont un bébé de 13 mois.
Selon un bilan provisoire établi à 3H00 du matin, 764 voitures ont été incendiées et 173 personnes interpellées, a affirmé à l'Associated Press Catherine Casteran, représentant de la Direction générale de la police nationale (DGPN).
A Colombes dans les Hauts-de-Seine, un bébé de 13 mois a été blessé à la tête après qu'un bus a été la cible de jets de pierres. L'enfant a été transporté à l'hôpital, a précisé la DGPN qui n'a pas de nouvelles de sa santé.
Des CRS, en intervention à Grigny, ont essuyé des tirs de pistolets à grenaille alors qu'il se trouvaient dans le quartier de la Grande-Borne, a affirmé la Direction de la sécurité publique de l'Essonne qui fait état de 29 blessés, dont deux atteints sérieusement. Selon la DGPN, l'un des fonctionnaires a été atteint à la gorge, le second à la jambe.
"Les émeutiers nous ont tiré dessus avec des fusils, de la grenaille", a déclaré un policier atteint au visage sur France Info. "On a vu clairement à plusieurs moments un tireur tirer sur l'ensemble du groupe."
"Tôt ou tard il y aura un drame. Les émeutiers cherchent clairement à abattre un fonctionnaire. Je sais pas si dans leur tête c'était vraiment pour tuer, mais pour faire mal ils se sont vraiment affirmés comme tels", a ajouté le policier.
Dans l'Essonne, les pompiers avaient les plus grosses difficultés à intervenir dans certaines zones. Trois écoles ont été incendiées à Fleury-Mérogis, Savigny et Evry.
Un studio de production de 3000m2 brûlait à Asnières, selon la préfecture des Hauts-de-Seine. Le sinistre est d'origine indéterminée, ont affirmé des pompiers à des journalistes d'Associated Press Television News (APTN) présents sur place.
Dans les Yvelines, les émeutiers ont tenté de mettre le feu à la trésorerie de Trappes. Des incidents étaient également signalés autour du poste de police d'Argenteuil (Seine-Saint-Denis).
Dans la capitale, la situation semblait calme et aucun incident n'était signalé par la préfecture de police.
En province, la situation était également très tendue. Dans pratiquement tous les départements policiers, gendarmes, et services de secours ont dû intervenir pour des feux de voitures ou des jets de cocktails-molotov. Les pompiers ont dû intervenir sous protection policière dans de nombreux cas.
Deux églises ont été prises pour cible par des jets de cocktails incendiaires, à Lens (Pas-de-Calais) et à Sète (Hérault), a déclaré Patrick Hamon de la DGPN.
En Rhône-Alpes, plusieurs voitures, neuf poids-lourds et deux écoles ont été incendiées à Saint-Etienne (Loire), où deux personnes ont été blessées après le jet d'un cocktail molotov sur un bus, selon la DGPN. Les chauffeurs de la STAS -la société des transports en commun de l'agglomération de Saint-Etienne- ont cessé le travail. Dans la Drôme, un douzaine de voitures a brûlé. Des incidents ont également éclaté en Haute-Savoie, à Annecy, Evian, Scionzier et dans des communes situées sur la frontière franco-suisse.
A Vénissieux, en banlieue de Lyon, une dizaine de voitures ont été brûlées, et des feux de poubelles ont été signalés. Une centaine de policiers et de pompiers se sont rendus sur place. Mais la tension est retombée en fin de soirée.
En Isère, une vingtaine de voitures et deux bus ont été la proie des flammes à Grenoble, de même qu'un centre social à Echirolles (banlieue de Grenoble).
Dans le Sud, les services de secours et de police ont dû faire également face à de nombreux actes de violence. Dans les Alpes-Maritimes, une dizaine de voitures ont brûlé à Nice, Grasse et Cannes. Dans le Vaucluse, plusieurs incendies étaient également signalés à Carpentras et Avignon. Dans le Var, plusieurs voitures ont également été incendiées à Toulon et Saint-Raphaël. Un début d'incendie était signalé au LEP de Draguignan.
Dans le Nord/Pas-de-Calais, les services publics ont dû eux aussi faire face à une multitude d'interventions à Loos, Lille, Wattignies, Roubaix, Wasquehal ou Marcq-en-Baroeul (Nord). A Bruay (Nord), les pompiers ont essuyé des jets de pierres.
Dans l'Est, une douzaine de voitures a été incendiée à Belfort (Territoire de Belfort).
Dans l'Ouest, les incidents se multipliaient notamment à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) ou les émeutiers ont tenté d'incendier une boulangerie. Dans ce département, peu avant 21h, six voitures avaient déjà été brûlées. Même scénario dans l'Eure ou l'on signalait six feux de véhicules.
Les petites communes n'étaient dimanche soir plus épargnées par les violences urbaines. Ainsi à Montauban (Tarn-et-Garonne), plus connue pour sa douceur de vivre, quatre voitures avaient été incendiées depuis la fin d'après-midi.